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"Thérapies et médiations", numéro de juin 2021 de la revue Psychiatrie Française
Guy Lavallée, psychanalyste, formateur et superviseur aux Pinceaux, a coordonné ce numéro où il développe les fondamentaux de sa théorisation sur les médiations. Juliette Fleuriau, art-thérapeute formatrice aux Pinceaux, nous fait rentrer dans le vif d'une situation clinique autour des préoccupations plastiques d'un jeune souffrant d'autisme. D'autres art-thérapeutes et professionnels du soin témoignent de leurs pratiques et manières de penser leurs accompagnements à chaque fois singuliers.
L'éditorial d'Yves MANELA
La relation soignant patient quels que soient les théories et les traitements proposés reste un des éléments fondateurs de la psychiatrie moderne. Elle est trop souvent mise au second plan et du coup l'élaboration perd sa finesse et se trouve recouverte par des prescriptions dans des rencontres trop brèves sans la dynamique possible attendue.
Nos « maîtres », qu'ils soient psychiatres et/ou psychanalystes ou phénoménologues l'ont montré merveilleusement. Henry EY dans son étude considérable sur l'hallucination comprend combien le patient, pour rester proche de son interlocuteur quand la relation est trop excitante, se réfugie dans l'hallucination. Il est alors dans le même mouvement au plus près de son thérapeute et au plus loin sur le plan psychique. En quelque sorte la transitivité de l'échange est rompue. Les psychanalystes ont tout autant développé leur réflexion sur ces thèmes et montré des situations analogues chez l'enfant. Pour aménager « la séduction » de la consultation l'enfant doit trouver un détour neutralisant en partie la proximité par le dessin, un jeu, une lecture ou sinon un retrait contre l’intrusion possible. Je me souviens avoir souvent cherché des solutions pour construire une relation avec des enfants très agités ou si phobiques de la relation qu'ils souhaitent la fuir immédiatement. En proposant simplement de diviser la pièce en deux maisons fictives avec une interdiction qui m'est faite de pénétrer chez le patient j'ai très souvent mis en place une défense permettant un jeu classique où on se rend visite et on s'attaque joyeusement.
Toutes sortes de réflexions ont permis de médiatiser les relations difficiles avec les enfants, les adolescents, et les adultes que ce soit par le groupe, des propositions comme le psychodrame et pour beaucoup par une activité qui tient lieu d'aménagement de la relation qui peut alors être plus fluide et déboucher sur des solutions inattendues. La liste de ces médiations est trop grande pour en faire une compilation. En soit, il ne s'agit pas de fétichiser la technique comme la solution thérapeutique mais de s’en servir, pour faire plaisir aux admirateurs de Winnicott qui le mérite bien, comme transitionnalité.
Je remercie chaleureusement Guy Lavallée dont j'ai connu les travaux cliniques et la qualité de ses élaborations au Centre Etienne Marcel, Hôpital de Jour pour adolescents. Son expérience et celle de ses collègues Agnès AboDehman, Bruno Dell'Oste, Frédéric Content, ]uliette Fleuriau, et Cécile Roger ont permis la construction de ce numéro de notre revue à partir des travaux d'un séminaire et différentes collaborations. Nous y avons ajouté des articles reçus sur le même thème de Michel Weinstadt, ]oëlle Villain et Lili Dehais. Merci à tous.
- Guy LAVALLÉE, L'ambition thérapeutique des médiations
- Agnès ABO DEHMAN et Bruno DELL’OSTE, Écrire en atelier dans un hôpital de jour
- Frédéric CONTENI, À la recherche de sa consistance... Comment construire sa matière interne à partir de la transformation des médiums ?
- Juliette FLEURIAU, De la main à la pâte
- Cécile ROGER, Personnes âgées : un espace d'expression à (re)conquérir
- Guy LAVALLÉE, Ahmed la Gorgone et la vidéo ou l'apparition du forclos au pôle perceptif
- Lili DEHAIS et Joëlle VILLAIN, Portances- Ce que les enfants autistes nous révèlent de la clinique du portage
- Michel WEINSTADT, « Le théâtre, c'est pour avoir une vie ! »
pour se le procurer : revue Psychiatrie Française